Handiconsult est une plateforme qui offre aux personnes en situation de handicap d’organiser leurs rendez-vous médicaux. Pierre Leflon, de l’APF France Handicap, suggère une amélioration.
Par Grégory Faucquez | Publié le 29/10/2021
Quand on est porteur d’un handicap, physique, psychique ou mental, prendre un rendez-vous et se rendre à une consultation de soins peut être très compliqué voire, dans certains cas, impossible sans assistance. Le renoncement aux soins est le problème auquel s’attaque la plateforme Handiconsult (voir notre édition du 20 octobre), en offrant un accompagnement personnalisé. Sa zone d’intervention va de Calais, Audruicq et Ardres au nord ; jusqu’à Saint-Omer à l’est et à Montreuil, Berck et Hesdin au sud.
Lors de la présentation du dispositif, le 15 octobre, Handiconsult faisait part de 76 consultations effectuées par son biais depuis avril. Ce qui montre que le dispositif doit encore gagner en notoriété. Pierre Leflon référent accessibilité pour les Hauts-de-France auprès de l’APF France Handicap, suit de près les efforts d’Handiconsult, et il considère que la plateforme est perfectible.
Un manque de moyens flagrant
« C’est un service indispensable qui, pour l’instant, me semble fonctionner de façon un peu artisanale, dit Pierre Leflon. Je peux citer le cas d’une personne en fauteuil électrique qui a dû renoncer à aller chez son ophtalmo parce que le cabinet, situé dans un centre-ville, n’était pas accessible. Par la suite cette personne a fait appel à Handiconsult… qui lui a proposé un rendez-vous chez le même ophtalmo. » Avec cet exemple, Pierre Leflon ne veut accabler personne, « parce qu’une fois encore, c’est surtout à une question de moyens qu’on se heurte. De toute évidence, Handiconsult ne dispose pas d’un répertoire fiable des lieux de soins accessibles. L’ARS de la Région Centre-Val-de-Loire a fait rédiger un répertoire des lieux accessibles, en partenariat avec l’APF. Les lieux ont été testés pour voir s’ils étaient réellement accessibles. C’est un gros travail mais, dans ce domaine, on ne peut pas se contenter du déclaratif et du collaboratif ; où chacun peut dire sur un site Internet qu’un lieu est accessible, sans qu’il n’y ait de contrôle. Ces initiatives-là ne sont que des rustines. »
Suite à notre entretien avec Pierre Leflon, nous avons relayé son idée à l’ARS des Hauts de France, qui n’a pas apporté de réponse.
La loi sur l’accessibilité sans cesse assouplie
Ce déficit d’informations sur les lieux accessibles est aggravé, commente Pierre Leflon, par les mesures dilatoires qui repoussent l’application de la loi de 2005 sur l’accessibilité. Loi qui impose à tous les établissements recevant du public (ERP) d’être accessibles au plus tard en 2024. « On doit être à peu près à 30 % d’ERP accessibles, au niveau national, et le Boulonnais est probablement dans cette moyenne, indique Pierre Leflon. Mais entre les dérogations et les déclarations de travaux, qui sont suspensives, on avance trop lentement. Il ne faut pas rêver, on ne rendra jamais tous les ERP accessibles. C’est parfois impossible pour des raisons d’architecture. Mais on a encore beaucoup de chemin à faire là où ça peut-être amélioré. »
Tout récemment la France a eu affaire à une commission de l’ONU, constituée exclusivement de personnes handicapées : « Cette commission a rendu un rapport au vitriol sur l’accessibilité en France. Ce rapport, qui tombe en période de pré-campagne présidentielle, nous donne espoir que les choses vont s’accélérer un peu sur l’accessibilité. »