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  • Les handicapés, plus concernés que les autres par le coronavirus?

    /Les personnes en situation de handicap ne sont pas vraiment plus exposées au coronavirus que d’autres. Photo Archives Hubert Van Maele
    Les personnes en situation de handicap ne sont pas vraiment plus exposées au coronavirus que d’autres. Photo Archives Hubert Van Maele

    – Les handicapés sont-ils plus fragiles face à la pandémie de coronavirus ?

    « Pas forcément. Si la personne n’a pas d’autre problème que son handicap, elle est comme le reste de la population. Moi, je suis en fauteuil et je n’ai pas d’autre difficulté. Après, il est tout à fait normal que les établissements médico-sociaux soient fermés pour éviter la contagion. Il y a évidemment les myopathes, les personnes atteintes de la maladie de Charcot qui sont plus fragiles face à la pandémie. Mais il serait mensonger de dire que toute la population des handicapés, soit deux millions de personnes en France, est plus fragile. »

     

     

    – Vous parlez de deux millions de personnes en situation de handicap en France. Quelle est la situation dans le Nord et le Pas-de-Calais ?

    « C’est très compliqué d’avoir ces chiffres. Les Maisons départementales de la personne handicapée (MDPH) ne sont pas tenues de communiquer leurs données. »

     

    – Vous mettez en avant la pauvreté des personnes handicapées plutôt que leur éventuelle fragilité face au coronavirus. Pourquoi ?

    « Parce que c’est la plus grande injustice qui nous touche ! Cette situation de pauvreté est liée à l’Allocation pour adulte handicapé (AAH). Avec l’AAH, on est sous le seuil de pauvreté. Selon l’INSEE, le seuil de pauvreté en 2019 était de 1 041 € par mois, l’AAH est à 900 €. Et si vous bénéficiez d’une autre ressource, quelle qu’elle soit, l’AAH diminue encore. Si vous êtes en couple, les revenus de votre conjoint sont pris en compte. En bref, on a le droit d’être handicapé à condition de rester célibataire ! Le handicap est subi par tout l’environnement familial mais, en plus, on réduit les revenus de la famille. »

    Photo de Christine Trepte

    – Cette fragilité financière peut-elle être compensée par du travail adapté ?

    « Pour ceux qui ont une invalidité d’au moins 80 %, le taux de chômage est le double de celui qui sévit en France. Pour la première fois, il a baissé légèrement l’année dernière. Mais on rencontre vraiment des problèmes à l’embauche. Donc, on attend beaucoup d’une loi sur le «déconcubinage» de l’AAH, le fait que les revenus du concubin ou de l’époux ne soient plus inclus dans le calcul de l’AAH. Mais cette loi devait passer au Sénat. Il va falloir patienter. »

  • À Boulogne, l’accessibilité des commerces pour les personnes handicapées est encore à améliorer

    LaVoixDuNord.jpg

     

    Article publié sur le site Internet de la Voix du Nord le 16/03/2020

     

    Il y a des choses auxquelles on ne prête attention que lorsqu’on y est confronté. C’est notamment le cas de l’accessibilité des commerces aux personnes en situation de handicap. À Boulogne, une visite de l’hyper-centre avec Suzanne Sergeant, qui se déplace en fauteuil depuis trois ans, nous a permis de dresser un constat : il reste encore du chemin à parcourir.
    Adeline Mullet | 16/03/2020

    Photo de Suzanne Sergeant sur son fauteuil

    À l’entrée d’une boutique boulonnaise sur deux, Suzanne Sergeant, 83 ans, fait face à la même galère : elle ne peut pas y accéder ou du moins pas sans attendre un peu. En fauteuil roulant depuis trois ans maintenant après un AVC qui l’a rendue hémiplégique, la coquette octogénaire née à Boulogne ne laisse pas de place au hasard. « Quand je dois faire quelque chose, je prévois tout », assure celle qui ne « se prive de rien » et qui est « attachée au centre-ville, au marché et aux petits commerces ».

    Photo d'une entrée de commerce avec des marches

    Il suffit de baisser la tête pour se rendre compte que les marches sont omniprésentes à l’entrée des commerces.

     

    Photo de la rampe d'accès devant Brindille

    A contrario, certains commerçants ont installé des rampes et des sonnettes pour permettre aux personnes à mobilité réduite d’accéder aux boutiques..

    Et après cinq minutes à se balader dans Boulogne avec elle, on comprend pourquoi. Rue Thiers, Grande-Rue, rue Faidherbe... les marches sont omniprésentes. « Même si les commerçants ont des rampes, s’il pleut je dois attendre dehors qu’ils l’installent... », raconte Suzanne. À certains endroits du centre-ville, les vendeurs viennent même la servir sur le pas de la porte. « Pas idéal, mais c’est mieux que rien », soupire la Boulonnaise. Dans les restaurants aussi, l’entreprise peut parfois être compliquée, « ce n’est pas rare que les toilettes se trouvent à l’étage ou à la cave ». Place Gustave-Charpentier, elle s’arrête : « Attendez, je pense que je ne peux pas passer avec les boules de béton ». Anodin pour nous, pas pour elle et tant d’autres.

    Les voitures sur les trottoirs, un fléau

    Suzanne Sergeant constate tout de même un mieux dans le centre-ville. « Depuis que les trottoirs ont été refaits rue de la Lampe, c’est bien plus accessible ». Selon elle, seuls ceux de la place Navarin, « bien trop hauts et cabossés », sont vraiment problématiques. Et puis, il y a aussi les voitures qui y sont stationnées, comme rue du Pot-d’Étain ou rue Butor devant le CCAS. « Pour voter pour le président du CCAS, j’ai dû y retourner quatre fois dans la journée à cause des voitures garées. »

    Que dit la loi sur l’accessibilité?

    La loi « pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » de 2005 donne dix ans aux établissements qui reçoivent du public (ERP) pour être accessibles à tous les types de handicaps. De leur côté, les bâtiments neufs doivent inclure ces normes dès leur construction. Face à la lenteur des mises en accessibilité, l’État a allongé le délai de trois ans. Dans les faits donc, depuis 2018, tous les EPR sont accessibles.
    Des dérogations sont prévues dans trois cas : une impossibilité technique liée à l’architecture ou à l’environnement, des contraintes de conservation du patrimoine (bâtiments classés), une « disproportion manifeste » entre les améliorations apportées par la mise en accessibilité et leurs conséquences sur l’activité de l’établissement.

    Un test d’accessibilité des commerces boulonnais réalisé par trois associations

    L’APF France handicap, l’Union des malades et handicapés du Boulonnais (UDMHB) et Globe handicaps ont réalisé, en septembre et octobre 2019, un test d’accessibilité dans 77 commerces du centre-ville de Boulogne. Selon leur étude, 43 commerces sont accessibles aux fauteuils roulants (moyennant une aide), tandis que 20 sont complètement inaccessibles. Il ressort aussi qu’aucun bar-restaurant visité ne dispose de toilettes accessibles.
    Les trois associations se sont également associées pour interpeller les candidats aux élections municipales dans le Boulonnais. Dans un courrier, les trois associations déroulent les douze propositions sur lesquelles elles souhaitent que les futurs maires s’engagent. Parmi elles : permettre à chacun d’assister aux réunions de conseil municipal ou encore organiser dans les écoles accueillant des enfants en situation de handicap des temps de rencontres et de sensibilisation.

  • Municipales à Calais: quelle place au handicap dans les programmes électoraux?

    Logo de la Voix du Nord

    Article publié sur le site Internet de la Voix du Nord le 13/03/2020

     

    Santé, accessibilité, solidarité... Autant de questions que sous-tend la question du handicap. Impossible donc pour les candidats à la mairie de Calais de ne pas se positionner sur le sujet. Quelle importance y accordent-ils dans leur programme ? Nous avons synthétisé leurs propositions à l’aune de ce critère.


    Nicolas Le Jean | 13/03/2020

    Image d'archive la Voix du Nord, avec une personne en fauteuil roulant

    Les programmes des candidats n’accordent pas la même importance à la question du handicap.

    PHOTO ARCHIVES Baziz Chibane - VDNPQR

     

    Virginie Quénez (Union gauche-écologistes)

    « Accessibilité et handicap » constituent un thème à part entière de son programme. La prise en compte du handicap sera institutionnalisée, avec notamment la création d’une délégation pour un adjoint ou un conseiller, et celle d’une « maison des aidants », lieu ressources pour personnes handicapées. Côté accessibilité, la commission communale sera réunie « au minimum » trois fois par an. Adaptation des locaux municipaux et de la voirie, aides pour la mise aux normes de locaux professionnels ou encore révision de la cartographie des places de stationnement PMR seront au service de cette accessibilité. Enfin, la candidate veut favoriser « l’inclusion » d’enfants handicapés à l’école et développer le sport adapté en lien avec les clubs sportifs et associations.

    Natacha Bouchart (LR-LREM-Modem-UDI)

    « L’accompagnement des personnes en situation de handicap » est un sous-thème de l’axe « la sérénité que vous méritez » du programme de la maire sortante. Parmi huit propositions, la création d’un « lieu de répit et d’échanges » pour les parents d’enfants handicapés, l’organisation d’une « journée dédiée au handicap », des sorties culturelles et touristiques pour les personnes handicapées, ou encore la création d’un point information « droits et orientation ». En outre, la création de plateaux favorisera l’accessibilité de la voirie, et les centres sociaux et associations seront aidés pour la mise aux normes de leurs locaux.

    Rudy Vercucque (Avenir en commun)

    Dans le volet « santé/handicap » du programme, le candidat veut créer un « pôle santé lié aux handicaps » comprenant notamment une « crèche spécialisée ». Rudy Vercucque souhaite aussi la création d’un centre de rééducation à Calais, à l’instar de celui de Berck-sur-Mer traitant les pathologies neurologiques et orthopédiques. Il veut par ailleurs mettre en place des passages piétons sonores pour les malvoyants.

     

    Laurent Roussel (Rassemblement des citoyens Calaisiens)

    Le candidat traite la question du handicap en lien avec la solidarité, et formule deux propositions sur l’accessibilité. Laurent Roussel la veut « totale » pour les voiries, les écoles et les administrations, et souhaite l’aménagement des allées des cimetières. Il entend aussi créer un « centre unique » d’associations d’aide aux personnes fragiles, dont les handicapés.

    Marc de Fleurian (RN)

    Dans son programme, le handicap est aussi lié à la solidarité, avec deux propositions sur l’accessibilité : « Garantir l’accès des handicapés partout » (bâtiments publics, rues, plage…) et « créer des stationnements réservés aux abords des immeubles sociaux ».

     

    Nous n’avons pas trouvé de programme spécifique, pour le handicap, de

    Françoise Millot (LR)