Nous avons suivi dans les rues de Boulogne Anthony, instructeur au sein de la Fédération des associations de chiens guides d'aveugles, et Marie-Christine, mal-voyante.
Cette brève rencontre nous a permis de prendre conscience de très nombreuses imperfections qui complexifient terriblement le déplacement des personnes malvoyantes, qu'elles soient accompagnées d'un chien guide ou qu'elles se déplacent à la canne.
Nous citerons l'impossibilité pour le chien d'amener la personne guidée devant la boîte aux lettres de la Poste, un dédale de passages protégés discontinus transformant en labyrinthe la traversée du boulevard Beaucerf et de la rue de Bréquerecque, des traversées non signalées par des bandes d'éveil ou des bandes d'éveil sans passage protégé matérialisé.
Citons encore des panneaux de signalisation dangereux pour les non-voyants car trop bas. Accessoirement, nous constatons que des problèmes se posent également pour les personnes à mobilité réduite, de nombreuses traversées n'étant pas associées à des abaissements de trottoir.
La gare elle même n'est ni accessible pour les non-voyants, ni pour les personnes à mobilité réduite. La SNCF et la Région ont trouvé la solution : obligation pour les personnes en situation de handicap de planifier leur trajet avec un préavis minimum de deux jours, billet non remboursable, assistanat obligatoire dans la gare. Une solution facile, ne répondant certainement pas aux attentes des personnes en situation de handicap rencontrées et qui revendiquent leur autonomie, dans l'esprit de la loi.
Autour de la gare, ce n'est pas mieux ; Marie-Christine s'est retrouvée bloquée par des voitures mal garées sur le parking (incivilités quotidiennes que nous avons déjà signalées mais qui sont visiblement tolérées), un passage protégé discontinu non signalé par une barrière, jeu de piste parmi des bornes en béton, ....
Anthony signale également un problème de sécurité majeur, auquel nous n'aurions certainement pas pensé sans son expertise : aux carrefours protégés par des feux tricolores, les non-voyants se fient au bruit des véhicules démarrant sur la voie perpendiculaire à celle qu'ils souhaitent traverser pour s'engager sur la voie. Mais quand une source sonore importante s'installe au carrefour (par exemple une friterie avec musique forte), impossible de repérer le bruit du trafic. Une seule solution pour s'engager sur le passage "protégé" : jouer à la roulette russe ....
Il nous indique également avoir identifié une zone dangereuse pour les non-voyants au nouvel accès du centre Liane, que nous irons reconnaître très prochainement.
Désabusée, Marie-Christine nous indique avoir déjà effectué ce parcours avec des représentants de la mairie de Boulogne, sans que des suites aient été données. Occasion ratée, car nous pensons que seul le partage sur le terrain peut permettre aux décideurs de prendre conscience des problèmes posés aux personnes en situation de handicap et d'y remédier.